Uber et les taxis

En janvier 2014, l’arrivée de la société californienne Uber sur le marché français a provoqué de violentes réactions des taxis français. Comme elle l’a fait aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Espagne et à peu près partout où l’entreprise s’est implantée. La raison de leur colère ? Un entrepreneur avait trouvé un moyen astucieux de mieux servir les clients tout en donnant plus de travail aux chauffeurs. Cette opposition entre réglementation, ou plutôt protectionnisme, et innovation, Nicolas Colin en parle particulièrement bien dans son article Les fossoyeurs de l’innovation.

Message à l’attention des taxis : gagnez du temps, suivez cette vidéo de formation des chauffeurs Uber.

https://www.youtube.com/watch?v=yb6q4Lb0N6Q

Uber, c’est la possibilité de réserver, à tout moment, une voiture avec chauffeur depuis son smarphone. 

D’où le terme d’uberification, apparu dans cet article en avril 2014 : Uberification of the US service economy. Peu après apparaît une courte note en français : le mot-tendance : uberification. D’autres articles contribuent à cette réflexion dans les mois qui suivent, notamment The uberification of society, qui fait le plein d’exemples de services “à la Uber”.

Le terme d’uberisation finit enfin par l’emporter aujourd’hui dans le monde.

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Au moment où j’écris, la recherche “uberisation” sur Google ne donne que 13 100 résultats. Incroyable, alors qu’il s’agit d’une illustration particulièrement concrète de la charnière historique que nous avons la chance de vivre !

Dans cette tribune : Eric Schmidt to European Union: Accept Uber-style disruption or face unemployment, Eric Schmidt ex-président de Google et actuel membre de son conseil d’administration, invite l’Europe à “accepter la rupture à la Uber ou à affronter le chômage”.

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Expliquer la différence de dynamisme de l’emploi entre les Etats-Unis et l’Europe par la seule uberisation peut sembler simplificateur. Ce qui compte, pourtant, ce n’est pas à quel point Eric Schmidt a tort mais à quel point il a raison.

Directement. Immédiatement. Par smartphone.

Alors, qu’est-ce que l’uberisation ? C’est l’adoption du business model qui consiste à mettre des ressources directement à disposition des clients à la demande (c’est-à-dire à tout moment et sans délai) depuis leurs smartphones. Directement. Sans délai. Smartphone.

Question de culture

Si vous ne croyez pas que votre métier puisse être uberisé, vous allez vous faire surprendre par des acteurs qui ne sont pas des historiques de votre métier. Ces gens voient d’autant mieux le potentiel d’uberisation qu’ils ne sont pas prisonniers de votre modèle. Ces gens existent déjà. Et ils ont peut-être déjà uberisé votre activité mais vous ne le savez pas encore.

Et c’est bien la grande question que pose Uber à votre entreprise ou collectivité : celle de la culture digitale. Les fondateurs d’Uber ne viennent pas du monde du transport. C’est pour ça qu’ils étaient en capacité d’inventer un modèle. Un modèle qui tire astucieusement parti d’Internet et contraste fortement avec un métier dont l’organisation date encore largement d’avant Internet.

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Un exemple : pourquoi faire payer 5 € pour réserver un taxi avec un smartphone alors que ça simplifie l’organisation en permettant de vendre et planifier des ressources 24h/24 sans intervention humaine ? Autre exemple : plutôt que de m’inquiéter en me demandant si la voiture va être à l’heure ou pas, je suis heureux de suivre son parcours en temps réel.

Combien d’entre nous ont pensé à ces aspects en les vivant ? C’est parce que nous sommes clients et que nous ne sommes pas du métier.

Penser client. Penser mobile

“Le client est roi.” Cette phrase doit être bien comprise : le roi n’est pas simplement celui qui décide, c’est celui qui nous fait vivre. “Notre vrai patron, c’est le client.” C’est lui qui décide de nous payer ou pas. C’est lui qui décide si nos produits et services ont de la valeur pour lui.

En fait, c’est la raison essentielle de l’existence de toute institution : apporter un service de valeur à ses clients. On en vient d’ailleurs à parler de client dans les collectivités locales : les contribuables sont les clients, puisque les payeurs.

C’est en pensant en client qu’Uber a été inventé. Et son succès n’est pas un effet de mode : si vous n’avez pas encore essayé Uber, Le Cab ou Chauffeur Privé, ne vous privez pas plus longtemps de cette expérience. Bien sûr, pour le moment, il faut attendre un passage dans une ville telle que Lille, Paris, Lyon… mais c’est justement grâce à son business model qu’Uber est en passe de couvrir un plus large territoire que les taxis, et avec un maillage plus fin. 

Et quel changement digital a transformé la vie de nos clients au cours de 7 dernières années ? Le smartphone, cet accès à Internet dans nos poches.

Uberisez-vous !

L’indignation a une limite incontournable : elle est synonyme d’inaction.

Si vous voulez réfléchir à ce que pourrait être un Uber de votre métier, commencez par cet article : How to Miss By a Mile: An Alternative Look at Uber’s Potential Market Size. Vous y apprenez notamment pourquoi réfléchir en marché potentiel et non par rapport au marché existant. Je m’engage personnellement à vous le commenter en français en visio si vous le souhaitez.

Quel est le potentiel d’Uber ?

Imaginez que l’uberisation puisse abattre les frontières de développement de votre entreprise. Voyez ce modèle comme l’opportunité déterminante de faire franchir un cap à vos équipes, à vos clients. Et commencez. Maintenant.

par Olivier Margerand.

 

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